Aujourd’hui j’espère avoir un maximum d’interventions de votre part. c’est une lettre ouverte à tous, généalogistes comme non généalogistes. Voudriez-vous et sauriez vous parler de vous?
Nos recherches nous amènent à dévoiler des vies, des secrets, des détails sur des personnes que nous connaissons ou que nous n’avons jamais cotoyées.
Mais serions-nous aussi indiscrets si cela nous concernait?
Devons nous parler de soi dans sa propre généalogie? Aurions nous la légitimité de le faire, l’objectivité? Dans son article d’aujourd’hui, Frédéric sur son blog famille-plancard, essaie de déterminer le caractère de ses ancêtres à partir d’indices. Quels indices aimerions nous laisser de nous?
Pour ce sujet, je vois deux thèses à explorer.
Choix 1 :On parle de nous même
Pour ôter le risque de subjectivité, nous pouvons fournir aux générations futures des éléments, des faits, des documents qui pourraient aider à nous comprendre. Exactement comme nous le faisons avec nos ancêtres.
On peut également fournir des explications du contexte, des choses qui nous ont poussé à faire nos choix. Pourquoi a-t-on déménagé à tel endroit, pourquoi nous avons exercé tel ou tel métier.
Parler de la vie courante, de notre enfance,
Bref, donner les réponses auxquelles nous n’aurons sans doute jamais accès concernant nos ancêtres 😉
Choix 2: Laisser une part de mystère
D’autre part, je vois dans la généalogie une part de magie, une part d’imaginaire. On idéalise très certainement la vie de nos ancêtres. ça n’a sans doute pas été très facile (cf A comme A la vie, a la mort ... du blog de la terre vers la mer).
Je prendrais pour analogie la différence entre la littérature et la cinématographie. Pour la dernière, les images se présentent devant nous, pleine de subjectivité de l’auteur, les choses, les actions sont là.
Dans la littérature, les mots nous projettent vers notre imaginaire, chaque mot n’aura pas la même portée chez chacun.
Un savoureux mélange des deux
Au final, je pense que quoi qu’il advienne, il s’agit d’un doux mélange des deux.
Si nous optons pour la première solution, la description de nous même ne pourra être exhaustive. Surtout à l’heure actuelle, nous laissons beaucoup de traces de nous: sur des forums, des mails, des réseaux sociaux en plus des médias classiques que sont la presse et les documents familiaux.
Pour ma part, je n’ai pas encore décidé. Je ne sais pas parler de moi, je n’ai pas non plus fait de choses extraordinaires 🙂 Et puis j’essaie de mener ma vie selon mes convictions, à apporter ma contribution à l’effort commun donc je pense ne rien avoir à prouver.
J’attends vos commentaires!
PS: concernant la photo. Parfois, on aimerait que le passé reste dans le passé 😉
Bonsoir,
mon thème du challegeAZ 2017 est basé sur cette « option ». En introduction, j’ai même écrit : « mes souvenirs d’enfance pour contribuer au ‘passé de demain’. » en citant http://antequam.canalblog.com. Voir la rubrique regroupant toutes mes participations de cette année : https://www.lorand.org/spip.php?rubrique117. Il m’arrive de penser que, parfois, mes souvenirs d’enfance j’aimeraais bien qu’ils « restent dans le passé »…
Merci beaucoup pour votre témoignage. Je suis loin d’avoir votre esprit de synthèse introspectif.
Je m’en inquiète parfois d’ailleurs, car je n’arrive pas à avoir de souvenirs précis. Ils me reviennent par hasard.
—
Fabrice
Pas certain qu’il y ait longtemps que je sois en capacité de réaliser cette « introspection ». Je pense qu’elle est venue toute seule avec l’âge mais aussi avec la pratique quasi quotidienne de la généalogie et cette interrogation qui surgit parfois, lorsque je me sens familialement un peu seul dans mes recherches : mais à quoi cela peut-il bien servir ?. Il faut dire aussi qu’il va y avoir neuf ans (déjà !) que je suis à la retraite ! Et surtout, je suis plusieurs fois grand-père… Ceci explique sans doute cela.
Mener sa vie selon ses convictions peut déjà être extra-ordinaire.
C’est une question intéressante que tu poses. Je pense, comme toi, laisser une trace, via un écrit. Pas pour me dévoiler complètement mais pour partager ma vie, laisser une petite trace au-delà des actes que les générations de futurs généalogistes pourront trouver.
Maintenant la question suivante est : comment transmettre ce témoignage au fil du temps ?
Merci Sophie pour ton témoignage.
Pour ta question, tout dépend comment on la comprend: s’il s’agit de la forme, elle peut être multiple, un journal, des mémoires. S’il s’agit des moyens je pense qu’il s’intégrera à ton « paquet » généalogique que tu pourras léguer à ta descendance.
Je n’ai rien publié de ma généalogie, et j’aurai bcp de mal à parler de moi sur le net, mais je laisserai un texte pour mes proches. Dans des dossiers AP j’ai trouvé des anecdotes sur un grand père que je n’ai pas connu, ainsi qu’une photo de lui enfant, photo prise en 1878, alors tout n’est pas perdu pour avoir des détails inattendus, inespérés
Merci pour votre réponse.
La question ne concernait pas spécialement la diffusion d’éléments sur internet mais plutôt, comme vous l’avez exposé, une trace, un témoignage laissé à votre déscendance ou vos proches.
Et ce qui m’intéressait d’avoir comme avis également, c’est quelle part de mystère ou jusqu’à quel point seriez vous prêt à révéler votre vie, votre personnalité – toujours à l’adresse de vos descendants.
Belle question, qui a été peut-être la raison de mon hésitation et inscription tardive à mon premier challenge AZ pour ne pas laisser trop de traces, ne pas être indiscrète et parler de parents proches. Mais ce n’est pas tant pour l’avenir que pour aujourd’hui.
En faisant de la généalogie de plus en plus je me surprends à chercher certains documents ou les voyant à les intégrer à mon arbre alors qu’ ils ne concernent que moi… Probablement pour laisser une trace aux suivants…
Mais de toutes façons je pense que faire des recherches généalogiques c’est se chercher soi même.
Parler de sa généalogie c’est parler de soi, de tous ceux et toutes celles qui nous ont fait nous même…
J’ai laissé beaucoup de traces très personnelles à travers mes différents blogs. il faut chercher parfois, pas toujours (je suis assez spontanée), il y a matière à trouver beaucoup de moi et des miens. Je me dis parfois que je devrais réunir un peu tout ça. C’est en partie fait pour certains écrits, (des poèmes, des lettres, des notes non publiées). J’aime bien aussi parler des objets et je m’aperçois que ma mère fait de même pour que je n’oublie pas la vie qui se cache derrière eux.
Merci pour cette belle interrogation !
Ah oui petite précision qui a son importance : j’ai 60 ans.
Ce n’est pas une question évidente. Laissez une trace c’est faire un choix de ce que nous souhaitons que les autres sachent de nous et aussi ce qui nous paraît significatif de nous-mêmes. Or, cela change souvent avec le temps… on ne mettrait pas l’accent sur les mêmes choses aujourd’hui qu’il y a 10 ans.
Nous sommes par définition des êtres changeants, donc la trace ne correspond qu’à un instant T. Ce qui nous défini en tant que personne, comme nos qualités personnelles, est souvent difficile à saisir pour nous et également pour les autres. Et comment transmettre cela ? Au travers d’anecdotes ?
La raison pour laquelle la généalogie ne m’intéresse pas (en dehors de la pratique de mon conjoint) c’est qu’avant tout vous êtes sur les traces de personnes qui ne sont plus, dont vous n’aurez que des informations très partielles. Je n’aime pas l’idée que l’on pense avoir une idée de la vie des gens à travers d’éléments qui pour moi, ne caractérisent pas les individus. Être né à un endroit, mort à telle date, remarié… je ne vois pas ce que cela dit des gens, de ce qu’ils sont, de ce qui aura été leurs valeurs, leurs vie de famille, leurs caractères, leurs souffrances, leurs joies, leurs fiertés, leurs combats…. et ce sont ce genre d’éléments qui me permettraient de savoir « qui » étaient mes ancêtres.
Les faits retrouvés dans les actes ont leur avantage : ils ne prêtent pas à discussion. Si nous vivons dans telle ville, que nous sommes morts à telle date, cela est fixe (lorsque c’est exact). Par contre, même si vous aviez de la matière – « des anecdotes » laissées – il faudrait s’interroger sur leur valeur : ont-ils bien été écrits par la personne qui les a signés ? est-ce vraiment ce qui s’est passé ? quelle est l’intention de celui qui a laissé cela ? Les anecdotes appellent d’autres questions qui seront laissées sans réponse.
Quand à savoir quelle trace je souhaite laisser aux futurs membres de ma famille, je crois que je n’ai pas la prétention de vouloir leur imposer une certaine image de moi. Ou peut-être ai-je trop conscience qu’autant de paradoxes et de complexité d’une vie ne puisse être résumer et que je n’ai pas envie que ma vie le soit ! La seule chose qui me semble importante à communiquer sont les éléments médicaux. Connaître la prévalence d’un risque a son intérêt pour les générations futures….
> je n’ai pas non plus fait de choses extraordinaires 🙂
Depuis quelques années, j’ai l’impression que rien que le fait de voter France Insoumise, alors que tout le monde semble pro-Macron, est une chose extraordinaire. Et typiquement le genre d’action qui sera jugée par le futur.
Je n’ai rien à prouver moi non plus, mais je veux néanmoins laisser des traces, ce genre de traces notamment, pour que nos descendants sachent que nous n’étions pas tous aveuglés (envoûtés, voire hypnotisés) par les dents brillantes de notre président. 😦
J’aime beaucoup votre PS
Cette pensée nous évoque beaucoup de réflexions
Merci